Lettres de volontaires nationaux à Saint-Domingue (1792-1793)

Ces citations de lettres sont extraites de Bernard Foubert, " Les volontaires nationaux de l'Aube et de la Seine Inférieure à Saint-Domingue (octobre 1792- janvier 1793) ", Bulletin de la Société d'Histoire de la Guadeloupe, n°51, 1er trimestre, 1982, 56 p. (30 f)

Les 40 lettres utilisées dans le travail de Bernard Foubert, font partie des archives de la High Court of Admiralty et sont archivées au Public Record Office de Londres. Envoyées par des volontaires champenois à leurs familles, elles ont été saisies par des corsaires anglais après la capture du navire français le Fédératif. Ayant quitté les Cayes (Saint-Domingue) le 26 janvier 1793 avec un chargement de sucre, café et indigo d'une valeur de 150 000 livres, le bâtiment avait été pris dans le golfe de Gascogne, le 14 avril 1793 par le vaisseau corsaire Prince of Wales et conduit à Liverpool. Il contenait 956 lettres de soldats à leurs familles.
Volontaires pour " planter l'étendard de la liberté à Saint-Domingue ", ces patriotes y trouvent des libres de couleur récemment devenus citoyens (décret du 28 mars 1792) et des esclaves en révolte, " brigands " contre lesquels ils sont employés. Pour une grande part, ces volontaires meurent des fièvres au cours des premiers mois de leur séjour : 50 à 70 % pour le bataillon normand, 30 à 40 % pour le champenois.

Commande : Société d'Histoire de la Guadeloupe, BP74 , 97102 BASSE-TERRE CEDEX, GUADELOUPE, French West Indies ou aux Archives Départementales de la Guadeloupe, Bisdary, 97113 GOURBEYRE, GUADELOUPE, FWI, Tel 00 (590) 81 13 02
Fax 0 (590) 81 97 15

 

 

Colonel Watier, commandant le bataillon de l'Aube, à la citoyenne Messin, négociante à Nantes, Les Cayes, 23 janvier 1793

Nous arrivâmes aux Cayes et deux jours après, j'ai parti avec trois cents hommes pour repousser les brigands ce que j'ai fait jusqu'aux mornes, j'ai rentré en ville suivant l'ordre qui m'avait été donné (...) perdu 115 hommes par maladie à l'époque où je suis (...)


Capitaine Delaffertey au citoyen Delaffertey, au Mosny, près Piney, par Troyes, Les Cayes le 18 janvier 1793

Le climat a été jusqu'à présent l'ennemi le plus cruel que nous ayons eu à combattre. Nous comptons 120 hommes de moins dans notre bataillon et en partie les hommes les plus forts et les plus robustes (...)


Amiot à son père, médecin à Loches, district de Bar-sur-Seine, Les Cayes, 21 janvier 1793.

On nous donne bon pain et bonne viande (...)


Baudot à Mlle Henrion à Troyes, Les Cayes, le 8 décembre 1792

Nous n'avons pas tous nos aises, étant couchés sur la terre couverts d'une toile qui, à peine nous garantit de la pluie, nourris de viande salée et sans cesse sur nos gardes (...)


Berlingue à ses parents à Brienne, Aube, Camp Ducis, le 24 décembre 1792

Beaucoup de volontaires tombent malades, ils le sont quatre jours au bout desquels ils meurent (...)


Bricaud à M Bernard, entrepreneur à Nantes ; les Cayes, le 12 décembre 1792.

Cela est plutôt un brigandage que non pas une guerre car nous tuons sans voir notre ennemi, il se met dans les halliers jusqu'à venir à portée de pistolets sans qu'on les voyent (...)


Gensterbloem à sa femme à Bergues, Les Cayes, 1er décembre 1792

Guerre bien plus cruelle que celle de France par la raison que l'on ne fait point de prisonniers de guerre, autant de pris, autant de coupés en morceaux, une autre raison parce que nous en sommes pas habitués à monter les mornes comme les nègres et que la chaleur nous gêne beaucoup. (...) ils livrent leurs combats ordinairement les fêtes et dimanches, ils n'ont absolument foi qu'à ces jours-là. Le 1er dimanche (21 octobre), que nous avons été campés ils ont ataqué un de nos camp compozé de 50 volontaires de notre bataillon et 52 mulatres. Ils avez déjà entouré le camp et baré le chemin avec trois ou quatre cents nègres pour qu'on ne peut pas donné de secours à nos frères, mais nous avons formé plusieurs détachements pour entouré ces brigands, chose qui nous a très bien réussi, nous en avons temps tué que blessé une centaine. Nous les trouvions étendu comme des chiens dans les cane à sucre. Nous leur coupions la tête, les oreilles pour les raportés à notre camp, c'était une vraie jouissance pour nous. Observez que quand ils vienne ataqué, ils sont le plus souvent au nombre de deux ou trois mille et nous le plus fort de nos camps, il n'y a que trois cents hommes mais bien retranchés, voilà notre avantage. Ils ont ataqué tous nos camps par pluzieur reprise mais ils ne peuvent parvenir à leur bute. Ils voudraient prendre un camp pour avoir la munition de guerre ainsi que les armes et tué bien atadu ceux qui compozerai le camp. Mais ils sont très melle reçu partout où il s'adresse car on leur en tue beaucoup et blesse davantage. Ils ne nous en ont tué que six et blessé environ une vingtaine. Ils ont cependent entré dans un de nos camps le 1er dimanche de ce mois (2 décembre), où ils ont bien manqué d'en venir les mettre. Eureusement qu'on c'est bien vite emparé d'une pièce de canon qu'il y avait dans le camp, on l'a braqué sur eux, d'après cela vous pouvez vous imaginer qu'il nous a resté quelque tête. On en a même trouvé étent tué qu'il avait encore du biscuit dans les mains ainsi que dans la bouche. Ils étaient déjà une grande cantité dans la cambuze où on a été obligé de faire feu dessus pour les fer sortir. Il y avait malheureusement un volontaire qui été couché dans la cambuze qui avez la fièvre. Il a été brulé parce que le feu a pris à la cambuze et tout ce qu'il y avait dedans a été brulé. Nous avons atrapé pluzieurs negres qu'il nous raporte qui "ganiez grand gou ou Platon" et qu'il n'on preque plus de poudre pour former leur ataque. Ils font prezentement des flèches qu'ils empoisonne croyant de résisté contre les armes à feux. "ce mot de gran gou" signifie qu'ils ont grand faim à l'endroit où ils sont qu'il se nomme Platons où il forme quatre camps. Ils ont aussi une manie de crié quand il se batte pour faire peur à ceux avec qui y se se bate. Ils crie "coupé tête à li, coupé bras a li, coupé jambes à li, amaré li" qui signifie de coupé la tête, les bras, les jambes et d'ataché. Ils ont aussi des calbasses qui remplise de petit caliou pour fair du bruit et des rozos qu'il souffle dedans pour ogmenté leur sinfonnie mais nous sommes bien au fait de leurs bêtises sa fait que nous n'en avons aucune peur.


Rocton à Mlle Journes, à Laval, Les Cayes, 1er décembre 1792

En cas que nous soyons pris, il n'y a point de grâce à espérer, ces messieurs nous coupent en morceaux pour nous apprendre à vivre ce qu'il y a de particulier c'est que personne ne désire faire un tel apprentissage (...)